ENSEIGNEMENT ET FORMATION A LA RECHERCHE SUR LE CANCER

La formation des chercheurs dans le domaine du cancer est une nécessité absolue et constitue un volet essentiel du mandat du CIRC, depuis les toutes premières présentations de son programme en 1965. A l’époque, seul un petit nombre d’instituts de recherche des pays économiquement développés offraient des possibilités de formation. En épidémiologie, les cours théoriques et les formations sur le terrain étaient encore plus rares, essentiellement limités aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. La dimension internationale du CIRC a favorisé la mise en place de quatre grands types d’initiatives : bourses internationales de formation, allocations pour chercheur extérieur confirmé, cours internationaux et développement de matériels d’apprentissage. Ces activités devenues permanentes visent à offrir les connaissances et les compétences professionnelles nécessaires pour « l’avenir » dans le domaine de la recherche sur le cancer.

John Higginson accueille les membres d’un des premiers Comités de sélection des Bourses du CIRC, dans la salle de réunion mise à disposition par la Ville de Lyon.

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BOURSES INTERNATIONALES DE FORMATION

Lancé en 1966, le Programme des Bourses a été l’une des toutes premières activités du CIRC. Poursuivi sans interruption jusqu’à ce jour, il offre des bourses de formation d’un an à de jeunes chercheurs sans expérience postdoctorale préalable. Les candidatures sont examinées par un Comité de sélection des Bourses du CIRC composé d’experts scientifiques dont la plupart viennent d’instituts autres que le CIRC.

Le montant des bourses indexé sur le coût de la vie est comparable à celui offert par les autres organismes. Ce Programme financé par le budget régulier du CIRC a également bénéficié par le passé des aides de l’Association italienne pour la Recherche sur le Cancer. Ces dernières années, il a obtenu des subventions du Programme « Actions Marie Sklodowska-Curie (Marie Curie Actions-People-COFUND) » dans le cadre du 7ème Programme-Cadre de Recherche et Développement (PCRD) de l’Union européenne (Bourses postdoctorales du CIRC), du Cancer Council Australia (Bourses postdoctorales CIRC-Australie) et de l’Irish Cancer Society (Bourses postdoctorales CIRC-Irlande).

Bon nombre de mes étudiants italiens sont devenus d’excellents épidémiologistes grâce au Programme des Bourses du CIRC qui leur a permis de passer quelques années à l’étranger. – Benedetto Terracini, collaborateur de longue date du CIRC

Jusqu’en 2004, les bourses étaient attribuées indépendamment du pays d’origine des candidats et de l’institut d’accueil. Environ 98% des boursiers étaient accueillis dans des laboratoires américains et européens. Les Etats-Unis arrivaient en tête (environ 50%), le Royaume-Uni en deuxième position (environ 20%) suivi par la France, la Suède, l’Allemagne et le Canada. Mais depuis 2004, soucieux d’offrir une formation unique et compte tenu du problème de santé publique croissant que représente le cancer dans les pays à revenu faible et intermédiaire, le CIRC a restructuré son Programme. Naturellement, la sélection des candidats repose toujours sur l’excellence scientifique, mais à mérite égal, la priorité est donnée aux candidats des pays à revenu faible et intermédiaire ou à ceux dont les projets de recherche concernent ces pays. Par ailleurs, l’attribution des Bourses est limitée aux candidats accueillis uniquement dans l’une des Sections de recherche du CIRC, avec possibilité d’extension pour une deuxième année, après examen des résultats obtenus par le Comité de sélection des Bourses. Ce modèle de formation permet aux boursiers de participer aux projets de recherche du Centre et débouche ainsi très souvent sur des collaborations à long-terme, allant bien au-delà de la durée de la bourse.

Le nombre de candidatures varie selon les années, avec une moyenne de 50 par an et des pics à plus de 100. De 1966 à 2014, le CIRC a attribué 602 bourses, soit une moyenne de 10 à 15 par an. Les premières années (1966–1976), les femmes représentaient seulement 10% des boursiers, pourcentage qui a considérablement augmenté pour atteindre 60% entre 2003 et 2014. La grande majorité des boursiers (80–85%) retournent ensuite dans leur pays d’origine. La plupart poursuivent des recherches sur le cancer et ce n’est pas un hasard si les trois derniers directeurs du CIRC – Paul Kleihues (1994–2003), Peter Boyle (2004–2008) et Christopher Wild (2009 à ce jour) – ont été eux aussi boursiers du CIRC au tout début de leur carrière, en 1970, 1981 et 1984, respectivement, avant d’obtenir des postes importants en dehors du Centre.

Pays d’origine des boursiers du CIRC (1966–2013). Au fil des ans, le Programme des Bourses du CIRC a attiré des chercheurs postdoctoraux, originaires d’un éventail de pays de plus en plus large.

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La répartition des bourses en fonction du domaine de recherche reflète parfaitement l’évolution des disciplines dans le domaine de la recherche sur le cancer. Au total, depuis leur création, les deux tiers des bourses ont été attribuées à l’épidémiologie et aux biostatistiques (24%), à la biologie cellulaire (18%), à la cancérogenèse chimique (12%) et à la cancérogenèse virale (11%), le pourcentage attribué à la cancérogenèse chimique ayant fortement diminué au fil des ans. Le dernier tiers a été attribué à la biochimie et aux secteurs en pleine expansion de la génétique, de la biologie moléculaire et de la pathologie moléculaire.

Parallèlement au Programme des Bourses, le CIRC offre également d’autres possibilités de formation à travers le recrutement de chercheurs postdoctoraux sur des fonds extrabudgétaires, provenant pour la plupart de subventions compétitives, attribuées à des projets de recherche spécifiques. Le choix des chercheurs postdoctoraux (environ 30 par an, à ce jour) est approuvé par le Comité de sélection des Bourses du CIRC, afin de respecter les mêmes critères. En 2011, le Centre a introduit la Charte des Boursiers et Postdoctorants, un accord qui définit ce qui est attendu du CIRC, du superviseur et du boursier, notamment la participation de ce dernier aux formations sur des compétences essentielles, que ce soit pour la rédaction des demandes de subvention et la préparation d’exposés, ou en matière de bioéthique et de biostatistiques. Enfin, une Association des jeunes Chercheurs rassemble l’ensemble des étudiants, boursiers et autres chercheurs postdoctoraux pour promouvoir les activités sociales, faciliter le dialogue avec la direction du Centre et améliorer les possibilités de développement professionnel.

Les boursiers qui viennent au CIRC bénéficient d’un environnement exceptionnel où 50 nationalités différentes travaillent ensemble à la réalisation d’objectifs communs, dans le cadre de projets de recherche menés à l’échelle internationale. En raison de l’aspect collaboratif de son travail, le CIRC offre des possibilités d’échanges avec des chercheurs du monde entier et accueille chaque année plusieurs centaines de chercheurs venus assister à des conférences, à des ateliers de travail et à des réunions scientifiques. Ce réseau donne aux boursiers la possibilité de côtoyer les leaders mondiaux de la recherche sur le cancer, et de bénéficier ainsi d’une expérience enrichissante, source d’inspiration pour démarrer leur future carrière. Comme l’a récemment formulé un boursier originaire du Mexique, lors de son départ du CIRC pour rentrer chez lui et prendre la tête d’un nouveau groupe de recherche sur les mécanismes moléculaires de la cancérogenèse, « ce fut une expérience très positive. Les installations de laboratoire sont modernes et parfaitement adaptées aux besoins. Mais le plus important, c’est l’ambiance qui règne au CIRC. Elle favorise les relations et des échanges fructueux entre le personnel, les boursiers et les chercheurs extérieurs, ouvrant ainsi la voie à de futures collaborations. »

Le Programme des Bourses est ma plus belle réussite car il apporte le savoir. – Walter Davis, ancien membre du personnel du CIRC

Les boursiers postdoctoraux ne passent pas tout leur temps à travailler. Ces membres de l’Association des jeunes Chercheurs profitent des joies d’un pique-nique, à l’été 2014.

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ALLOCATION POUR CHERCHEUR EXTERIEUR SENIOR

Les premières années du CIRC ont été marquées par l’attribution de Bourses de voyage à des chercheurs confirmés en cancérologie. Ces bourses permettaient des échanges scientifiques internationaux sur des périodes de séjour assez courtes. A partir de 1983, le CIRC a créé l’Allocation pour chercheur extérieur qui offre à un chercheur confirmé la possibilité de venir passer 6 à 12 mois dans ses locaux pour mettre en place un projet collaboratif. Les candidatures sont examinées par le même comité qui sélectionne les boursiers postdoctoraux. A cette date, 44 allocations ont été attribuées à des chercheurs de 18 nationalités, dont plus de la moitié travaillent dans les domaines de l’épidémiologie et des biostatistiques. La présence et les contributions de ces chercheurs hautement qualifiés sont extrêmement précieuses pour renforcer les approches méthodologiques et élargir les perspectives thématiques des équipes de recherche du CIRC. Ces allocations favorisent également les collaborations avec les instituts d’origine des chercheurs.

Trois bénéficiaires de l’Allocation pour chercheur extérieur (de gauche à droite) : Neil Pearce originaire de Nouvelle-Zélande, actuellement professeur à la London School of Hygiene & Tropical Medicine, a reçu l’une des premières allocations, en 1982 ; Jack Siemiatycki, aujourd’hui professeur d’épidémiologie à l’Université de Montréal, au Canada, a reçu cette allocation en 1996 ; Leticia Fernández Garrote, professeur à la National School of Public Health, La Havane, Cuba, l’a reçue en 2013.

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Par ailleurs, le CIRC a institué une Bourse de transfert de compétences, en 2006, pour permettre à un chercheur confirmé de passer de 6 à 12 mois au sein d’un institut d’accueil situé dans un pays à revenu faible ou intermédiaire, afin de le faire bénéficier de ses connaissances et de son savoir-faire dans un des domaines qui présente un intérêt particulier pour le pays d’accueil, en lien avec les activités du CIRC. A ce jour, ces bourses ont été attribuées à des chercheurs américains, français, hollandais et suédois pour aller en Colombie, en Inde, en Uruguay et en Ouganda, former des étudiants à l’épidémiologie du cancer, soutenir des projets d’enregistrement du cancer et étudier les relations entre virus et cancer.

COURS INTERNATIONAUX

Une annexe au tout premier rapport annuel du CIRC (couvrant les activités de l’année 1966) déclarait : « Dans le court laps de temps qui s’est écoulé depuis la création du Centre, ses responsables ont pris la mesure du manque de compétences en épidémiologie et en biostatistiques dans le domaine de la recherche sur le cancer. Par conséquent, il serait utile que le premier cours international soit consacré au thème « Concepts et méthodes en épidémiologie du cancer », en espérant qu’il puisse être organisé d’ici juillet 1968. » Ce cours s’est déroulé à Lyon, du 24 juin au 5 juillet 1968, devant 30 participants, dont 23 ont bénéficié d’une prise en charge intégrale de leurs frais par le CIRC. Parmi les professeurs invités figuraient Sir Richard Doll et Donald Reid, professeur d’épidémiologie à la London School of Hygiene & Tropical Medicine.

Participants au premier cours d’épidémiologie du cancer, à Lyon, en 1968. Au centre, au premier rang, Louis Pradel, alors maire de Lyon. A sa droite, Walter Davis, l’organisateur du cours. Dernier rang, troisième en partant de la droite, avec des lunettes noires, Albert Tuyns, responsable scientifique du cours. A l’extrême gauche sur la photo, Calum Muir, alors chef de l’Unité d’épidémiologie au CIRC.

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Ce premier cours donna le ton de ce qui allait devenir l’une des activités d’enseignement les plus populaires du Centre. Les cours sont organisés par les professionnels de l’éducation et de la formation du CIRC, accompagnés d’un corps professoral constitué essentiellement de chercheurs extérieurs. Les participants sont sélectionnés d’après leurs qualifications et leur participation à des travaux de recherche, en prenant soin d’assurer une juste répartition entre les instituts et les pays. Ces cours sont gratuits. Quand c’est possible, le CIRC prend en charge une partie ou l’intégralité des frais de voyage et d’hébergement.

Ce que je trouve intéressant aujourd’hui, en qualité de professeur émérite, c’est d’être invité par les dirigeants des unités de recherche sur le cancer, par exemple à Barcelone ou à Rotterdam, et de les entendre dire combien les cours du CIRC ont été importants pour leur carrière ; c’était leur premier contact avec l’épidémiologie. – Norman Breslow, ancien chercheur du CIRC

Ces caractéristiques n’ont quasiment pas changé au fil des ans. Le programme, qui a débuté avec un seul cours par an, s’est développé et propose maintenant deux à cinq cours annuels, dont au moins un se déroule en dehors du CIRC, généralement dans un pays en développement (voir « Cours du CIRC dans les pays en développement »). Jusqu’en 2004, soit sur une période d’environ 40 ans, le CIRC a organisé 134 cours, dont 77 en dehors de Lyon. Le nombre de participants variait de 20 à 80, avec une moyenne entre 30 et 50 étudiants, dont la plupart de niveau postdoctoral. Ces cours concernaient surtout l’épidémiologie et les biostatistiques, l’accent étant mis sur la méthodologie. Les thèmes cancérogenèse chimique, virus et cancer, et mutagenèse ont également fait l’objet de cours. Dans les années 80 et 90, toute une série de cours sur la détection des risques environnementaux, ont ainsi été organisés avec succès dans différents pays, notamment en Chine, en Thaïlande et au Zimbabwe.

John Cairns, biologiste moléculaire de renom, qui a contribué de façon majeure à la microbiologie et à la biologie du cancer, s’intéressait beaucoup à l’impact du cancer d’un point de vue sociétal et de santé publique. Le plus remarquable, lors de ses conférences et de ses conversations, c’était sa façon d’amener systématiquement ses auditeurs à se poser des questions.

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Dès le début, j’ai beaucoup apprécié de travailler au CIRC et de rencontrer des gens du monde entier. – Ann Shannon, ancien membre du personnel du CIRC

En 50 ans d’activité, le CIRC a été témoin et acteur de la révolution biologique issue des progrès de la génétique moléculaire. Jusqu’au début des années 80, on ne pouvait déduire la présence des gènes qu’indirectement, à travers leur influence sur des caractères physiques tels que la couleur des yeux, le groupe sanguin ou certaines maladies héréditaires. Mais à partir des années 80, les gènes deviennent directement « mesurables ». C’est une avancée formidable. Pour la première fois, les épidémiologistes peuvent étudier non seulement les effets de l’exposition aux agents environnementaux (fumée de tabac, par exemple) ou de certaines caractéristiques physiologiques (poids ou taux de cholestérol, par exemple), mais aussi l’impact de certains gènes. Pour familiariser les épidémiologistes avec ces nouveaux concepts et les techniques de biologie moléculaire, le CIRC organise à Lyon, en juillet 1986, un cours de deux semaines intitulé « Biologie moléculaire pour les épidémiologistes ». Cinquante épidémiologistes assistent à ce cours animé par John Cairns, avec un corps professoral composé de spécialistes en biologie moléculaire et cellulaire, de généticiens et de virologistes. Les conférences s’accompagnent de démonstrations des techniques de biologie moléculaire. Ce cours sera à nouveau dispensé deux ans plus tard, à l’Institut d’Oslo pour la Recherche sur le Cancer, et introduit par la suite dans des formations courtes en épidémiologie moléculaire.

Polymorphisme de longueur de fragments de restriction (RFLP). Profil extrait d’un cahier de laboratoire du CIRC de 2001. La RFLP fut la première technique largement utilisée pour identifier des variations (polymorphismes) dans les séquences d’ADN entre différents individus. Ces variations apparaissent sous forme de différents profils de bandes, après fragmentation (digestion) d’un échantillon d’ADN par des enzymes de restriction et séparation des fragments obtenus selon leur taille.

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En 2005, le CIRC lance sa première Université d’été à Lyon (voir « Université d’été du CIRC en Epidémiologie du Cancer »). Parallèlement, il remanie ses cours internationaux, dont la plupart se spécialisent (en particulier sur l’enregistrement et le dépistage des cas de cancer), tandis que d’autres s’adressent à un niveau plus élevé (par exemple en statistiques). Entre 2008 et 2014, le CIRC a organisé plus de 70 cours, dont les deux tiers dans des pays à revenu faible et intermédiaire, avec un total de plus de 2500 participants.

Cette répartition géographique très étendue des cours permet au CIRC d’offrir des formations locales dans un très grand nombre de pays et d’apporter ainsi une assistance technique précieuse à la recherche, notamment en épidémiologie. Ces cours véhiculent également son image d’institution phare pour les études collaboratives internationales dans le domaine du cancer. Comme pour la formation postdoctorale, le nombre de nouveaux projets, de collaborations et de liens établis témoigne du « bénéfice inestimable » résultant d’un environnement commun d’apprentissage avec des collègues motivés, originaires de pays aussi éloignés que la Chine et le Chili, ou la Suède et l’Afrique du Sud. Ces cours suscitent en effet une émulation et une dynamique incomparables.

Notre recherche sur le cancer était isolée. Mais le CIRC a brisé cet isolement. Beaucoup de jeunes chercheurs russes sont devenus des experts de haut niveau, après avoir travaillé au CIRC. Son caractère international offre à tous les mêmes chances. – Vladimir Anisimov, collaborateur de longue date du CIRC

Sites des cours internationaux du CIRC (2008–2013). Depuis la première Université d’été à Lyon, le CIRC a réorienté et recentré ses cours plus particulièrement sur l’Asie orientale et l’Amérique latine.

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LES « BLUE BOOKS »

La série Classification OMS des tumeurs, baptisée « Blue Books » d’après le coloris bleu de leur couverture, occupe une place prépondérante au sein des publications du CIRC. Cette classification histologique et moléculaire des tumeurs présente un intérêt considérable non seulement pour l’enseignement, mais aussi pour la recherche et la pathologie clinique. Il est en effet indispensable de disposer de critères diagnostiques histologiques et cliniques clairement définis pour mener des études épidémiologiques et des essais cliniques sur le cancer, raison pour laquelle l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a lancé un programme entre 1956 et 1957, visant à établir un système international de classification et de stadification des tumeurs qui serait accepté et utilisé partout dans le monde. En fait, cette classification faisait partie des activités envisagées pour le nouveau centre sur le cancer qui allait être créé lors de l’Assemblée mondiale de la Santé en 1965 (voir le chapitre « Naissance du CIRC »). Il était aussi nécessaire de standardiser la classification histologique des tumeurs chez les animaux de laboratoire, notamment pour les essais de cancérogénicité à long-terme (voir le chapitre « Cancérogènes dans l’environnement humain »). En 1973, le CIRC a publié le premier d’une série d’ouvrages de référence, Pathology of Tumours in Laboratory Animals, coordonnés par Vladimir Turusov. Les volumes successifs traitaient des tumeurs chez le rat, la souris et le hamster. Suite à la forte demande, ils ont été réimprimés et fait l’objet d’une deuxième édition dans les années 1990.

Paul Kleihues (à gauche) en compagnie de Jean-François Mattei, alors Ministre de la Santé, de la Famille et des Personnes handicapées, en visite au CIRC. P. Kleihues a dirigé le CIRC de 1994 à 2003. Pendant son mandat, la recherche sur le cancer a connu des changements révolutionnaires, marqués par le Projet du Génome humain. P. Kleihues a adapté les activités de laboratoire du CIRC à ce nouvel environnement, en encourageant les connections avec les principaux projets d’épidémiologie du Centre. Neuropathologiste de renom, il a poursuivi ses travaux personnels sur la génétique moléculaire des tumeurs cérébrales.

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La classification OMS des tumeurs humaines a débuté avec une première édition (1967–1981) essentiellement basée sur les types histologiques. L’OMS a également supervisé la deuxième édition (1982–2002) jusqu’à ce que Paul Kleihues insuffle un nouvel élan au projet dans les années 1990. Le CIRC s’est alors chargé de la troisième édition (2000–2005) en collaboration avec Leslie Sobin, Rédacteur en chef des deux premières éditions. C’est à l’initiative de P. Kleihues que seront introduites les nouvelles informations issues de la caractérisation moléculaire des tumeurs humaines. Chaque volume de la série est préparé par un groupe de travail comptant généralement plus d’une centaine d’experts scientifiques de renom, réunis par le CIRC. Les « Blue Books » présentent les profils histologiques, immunohistochimiques et génétiques des tumeurs, ainsi que les critères de diagnostic et de stadification des tumeurs. Ils contiennent également des paragraphes concis concernant l’épidémiologie, les symptômes et signes cliniques, la visualisation, le pronostic et les facteurs prédictifs, faisant de chaque volume un ouvrage de référence compact et détaillé de 250 à 500 pages, magnifiquement illustré (voir « Classification OMS des tumeurs du système nerveux central »).

La série complète de la Classification OMS des Tumeurs, dont le CIRC produit maintenant la quatrième édition, contient à ce jour 11 volumes couvrant les tumeurs du système nerveux central ; de la peau ; des tissus hématopoïétiques et lymphoïdes ; du système endocrinien ; des tissus mous et des os ; de la tête et du cou ; de l’appareil digestif ; du poumon, de la plèvre, du thymus et du cœur ; du sein ; de l’appareil génital féminin ; de l’appareil urinaire et génital masculin (voir whobluebooks.iarc.fr). Rares sont les services de pathologie dans le monde qui ne possèdent pas un ou plusieurs volumes des « Blue Books ». Le nombre de copies diffusées – environ 15 000 par an – témoigne de leur intérêt largement reconnu. Au cœur des activités de publication du CIRC, d’autres ouvrages viennent également étayer des domaines de recherche comme l’enregistrement du cancer (voir le chapitre « Registres du cancer : une initiative mondiale »), les biostatistiques (voir le chapitre « Innovation dans les méthodes statistiques ») et l’épidémiologie (avec le volume complet Molecular Epidemiology: Principles and Practices, publié en 2011 par le CIRC, sous la direction de Paolo Boffetta et Pierre Hainaut, et la préparation d’une nouvelle édition du manuel Cancer Epidemiology: Principles and Methods par Isabel dos Santos Silva, publié initialement en 1999). Le site internet du Programme Education et Formation (training.iarc.fr) propose des présentations enregistrées, des ouvrages de référence et des manuels pratiques produits par le CIRC.

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